Perspective d'une cousinade

Je viens d'apprendre avec une joie mêlée d'un peu d'appréhension

qu'il est prévu des plantations de vignes dans le domaine. Ils ont rencontré leur pépiniériste il y a quelques jours pour passer commande de greffons de vigne pour le mois de mars.

Il y aura des frères et soeurs qui me ressemblent (Gamay), mais aussi des cousins plus éloignés: Pinot, un cousin proche, Gamaret, une nouvelle branche de la famille issue du mariage d'un de mes frères avec une jolie suissesse du nom de Reichensteiner.

Enfin, parce que nous ne sommes pas racistes dans la famille, seront conviés également des blancs: Viognier et Chardonnay.

Il va vraiment y avoir une sacrée ambiance dans les vignes !

Attention cependant, ce sont des ceps triés sur le volet ! Aucune variété à fort rendement, seulement des greffons sélectionnés pour leurs qualités organoleptiques et qui donnent peu de raisin. 

En effet, le but de ceux qui s'occupent de nous n'est pas de faire des hectolitres d'un breuvage moyen, mais plutôt de faire peu de bouteilles délicieuses. De toute façon après la plantation, il faudra trois longues années avant d'en entrevoir le résultat. Car nous, les ceps, nous avons besoin de bien nous enraciner en profondeur pour aspirer les vraies saveurs du sol et du sous-sol. Alors notre temps n'est pas le votre.

Dans votre monde la finalité de vos actions doit être si proche de leur commencement qu'on ne sait parfois plus dans quel ordre les choses arrivent. Dans le notre, la lenteur de la nature, de notre croissance fait toute notre valeur et nous procure tous nos arômes.

Une bonne averse d'un quart d'heure nous nourrit pendant plusieurs semaines et chaque goutte de sève met un temps qui vous paraîtrait infini pour circuler de nos racines jusqu'au limbes de nos feuilles.

Ceux qui nous travaillent ( ceux qui nous travaillent bien ! ) savent se régler à notre temps et, sans nous brusquer, nous laissent des mois, des années pour que nous puissions évoluer à notre vitesse...pour votre plus grand plaisir !